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UN CŒUR VIRGINAL

nable et si naturelle dans son rôle de mère, exaspéra M. Hervart, plus encore que les insinuations qu’on l’obligeait d’écouter. Cessant, non d’hésiter, mais de réfléchir, il dit tout à coup :

— Cela me ferait beaucoup de chagrin de la voir mariée.

Mme des Boys lui serra la main :

— Cher ami ! Oui, cela ferait un grand changement dans la maison…

Elle reprit, après quelque hésitation :

— Silence sur tout cela, mon bon Hervart, n’est-ce pas ? Et puis, je crois que le tête-à-tête a assez duré, vous seriez bien aimable d’aller les rejoindre.

M. Hervart, quoiqu’il eût assez d’impatience, s’enfonça lentement dans les méandres du petit bois sauvage. Pareil à Panurge, il se répétait mentalement :

« L’épouser ? Ne pas l’épouser ? »

Sa tête était une horloge dans laquelle un balancier oscillait infatigablement. Il s’assit sur le petit banc où, pour la première fois, il avait senti la tête de la jeune fille se pencher dou-