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UN CŒUR VIRGINAL

— Moi ?

— Elle vous aime beaucoup. Cela est visible.

— Un si vieil ami ! dît courageusement M. Hervart.

Sa lâcheté, cependant, le fit rougir.

« Pourquoi ne pas avouer ? Pourquoi ne pas dire : oui, elle m’aime, je le sais, et je l’aime aussi, pourquoi ?… Est-ce que mon désir n’est pas évident ? Puis-je m’en aller, la laisser, me passer d’elle ?… »

Mais à toutes ces questions intimes, M. Hervart n’osait répondre d’une façon absolue.

« Ce que je voudrais, c’est que le temps présent durât toujours… »

— Ils n’ont presque pas parlé ensemble, et cependant, reprit Mme des Boys, j’ai deviné qu’il y a entre eux un commencement de… je ne sais… comment dirai-je…

— D’entente, souffla M. Hervart, avec une charité ironique. Pourquoi pas de l’amour ? Il y a des coups de foudre.

— Oh ! Rose est trop bien élevée.

La sottise de cette femme, pourtant si raison-