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UN CŒUR VIRGINAL

Elle continua, après avoir rêvé un peu.

— Cela ferait un excellent mari pour Rose.

M. Hervart ne répondit rien. Il avait pâli et son cœur s’était mis à battre très fort. Ses pensées, fort confuses, tourbillonnaient tristement.

— Qu’en pensez-vous ? insista Mme des Boys.

Il ne répondit pas encore, car il sentait que sa voix allait paraître toute changée. Il murmura :

— Heum ! ou quelque chose de pareil, quelque chose qui signifiait seulement qu’il avait entendu la question.

Mais peu à peu, il se reprenait. L’idée heureuse lui vint de la nullité familiale de Mme des Boys et de son peu d’influence sur sa fille.

« Tout ce qu’elle dit n’a aucune importance. Je serai de son avis. »

— Je suis, prononça-t-il, entièrement de votre avis.

— Ma fille est singulière, reprit Mme des Boys, mais votre approbation suffirait peut-être à la décider. Vous avez beaucoup d’influence sur elle.