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IX

L’heure du déjeuner fut agréable pour Rose. Les regards, les désirs, les propos venaient vers elle. M. Lanfranc galantisait sans indécence. Elle riait, puis, soudain sérieuse, acceptait quelque contact avec les gestes de son voisin, M. Hervart. Léonor ne se permit que des phrases brèves, qui voulaient résumer les discours plus ingénus des convives. L’œil de cette jeune fille, qu’il croyait dédaigner, le surexcitait ; mais à force de vouloir paraître un homme supérieur, il parut un homme désagréable. Rose en eut peur.

« Qu’il est sec ! songeait-elle. Comment parler, comment jouer avec un homme si sûr de ses mouvements ? Il gagnerait toujours. »

Plusieurs fois, avec une inconscience innocente, elle regarda tendrement M. Hervart.