Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
UN CŒUR VIRGINAL

me donne une pièce d’archives. Que l’on refasse le nez, si l’on veut que j’admire, et si l’on ne veut pas refaire le nez, que l’on sépare le Louvre en deux musées, le musée esthétique et le musée archéologique.

Ayant fini de parler, il regarda Rose, d’abord, témoignant ainsi qu’il avait besoin, avant tout, de son approbation. La figure de Rose s’éclaira de bonheur. Ses yeux répondirent.

« Mon ami, je vous admire. Vous êtes un dieu. »

Ces mouvements furent compris par Léonor, qui cherchait depuis quelques instants à deviner quels étaient les rapports de Rose et de Hervart.

« Ils s’aiment, se dit-il, et lui il a le génie de l’amour. Moi, j’ai vingt-huit ans. C’est ma seule supériorité sur lui. Encore est-elle fort illusoire, car seules les femmes, mises au courant de la vie par l’expérience ou les confidences, font quelque attention à l’âge des hommes. Une femme a l’âge de sa figure. Un homme a l’âge de ses organes. Or l’état des organes se lit dans les yeux. Un homme a l’âge de ses yeux. Hervart a