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UN CŒUR VIRGINAL

comprennent peu et les femmes, guère davantage. Avez-vous rencontré dans votre vie beaucoup de femmes vraiment curieuses des choses de la chair, vous, Hervart ? Dites ? N’ont-elles pas toujours l’air de remplir une tâche ? Maîtresses, elles travaillent à l’heure. Épouses, ce sont des fonctionnaires…

M. des Boys s’égaya. Sa femme était bien un fonctionnaire et même à la retraite, et sa maîtresse, qui d’ailleurs l’excitait peu, répondait assez à la définition de Lanfranc. Il allait la voir huit ou dix fois par an, avec l’astuce d’avoir toujours l’air de se laisser emmener à Cherbourg par complaisance.

Quelques jours plus tôt, M. Hervart eût protesté. Oui, il avait connu plus d’une femme voluptueuse. Celles que l’on connaît sont même généralement des voluptueuses, sans quoi elles seraient restées dans le cercle de la famille ; mais encore faut-il savoir faire chanter ces violons de bonne volonté.

« Moi, eût-il répondu, je suis un archet magique. Je n’ai jamais rencontré ni un violon tout à fait