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fit sauter le fermail de cuivre et il lut, dans un nuage de bleuâtre fumée, buvant à petits coups du café très fort, les aphorismes de l’Ecclésiaste.

Lecture décidément bien faite pour élever un sage très haut par-dessus les autres hommes, coupe où l’on boit le néant tout aussi sûrement qu’en une cupule de lotus, ah ! idéales banalités, écrites, à n’en pas douter, pour les lendemains de fête !

FORTITUDE

« Pauvreté, labeur, corporelles misères, saignantes blessures des cœurs, amertume du pain et du vin,

Repos, souplesse, floraisons, étreintes, chaleur des repas joyeux,

Et tout, et toutes les vibrations,

Les lumières cérébrales :

Tout cela nous est indifférent, depuis le commencement jusqu’à la fin,

Car il y a un commencement et il y a une fin, et, Dieu merci, la douceur du néant est faite pour tous.

Nous avons confiance dans la transcendante bonté du Créateur : il ne prolongera, au delà du terme humain, ni nos peines, ni nos joies.

Et pas même un haussement d’épaules, et quant à se fâcher contre les lois éternelles, nous sommes bien trop spirituels, — et puis nous avons le sentiment des convenances. »

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