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excluse, car il arriverait ce qu’avoua Mme de B… (je ne sais que l’initiale). La femme de chambre de cette jeune et pudique dame avait une adoration pour sa maîtresse. La corseter, la chausser lui faisaient trembler les mains ; il était presque au-dessus de ses forces de la servir pendant le bain, et un matin cette adoratrice de la beauté s’était évanouie en lui passant son tiède peignoir, mais tu comprends, les distances, le suspect, etc. Enfin, un retour de bal abrégea le martyre de Juliette : Mme de B…, dont les nerfs avaient servi de lyre à quelque poète, comprit qu’il est bon d’avoir sous la main une femme de chambre jeune, jolie et dévouée. Depuis ce matin-là, Mme de B… a un peu maigri, mais elle trouve à la vie une saveur nouvelle.

— C’est toi, fit Calixte, qui narres de telles histoires ?

— Celle-ci, reprit Hubert, n’est pas malséante. En fait de stériles amours je ne vois pas bien où commence et où finit la moralité. Du moment que l’on ne cherche que la jouissance, il est bien indifférent quel mécanisme la donne. C’est une question d’attitude : les femmes, en leurs perversions, conservent leur grâce. Après tout, pour être conjugale et protégée par les administrations municipales, la débauche ne change pas d’essence. En dehors de la fécondation qui est un acte complet, naturel et justifiable, il n’y a, selon la décision des casuistes, que des péchés également mortels, c’est-à-dire entraînant la même conséquence, qui est la damnation.

— Cependant…