Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’amour, car l’amour est la clef d’or qui ouvre tous les cœurs de femme. Tu as l’évangélique bonne volonté, tu veux aimer, tu aimeras, et qui peux-tu aimer, sinon moi ? J’aurai la curiosité d’admettre toutes tes fantaisies, même celle de me faire souffrir ; je ne mésestime pas la torture : cela donne à réfléchir sur les inconvénients d’être un homme.

— Est-ce que tu t’amuses ?

C’était Calixte, satisfait d’exhaler son ennui par cette simple interrogation.

— Je ne m’ennuie pas, d’abord pour de secrètes raisons, puis il y a quelques jolies toilettes. Quant au nu il serait agréable à deviner, peut-être ; à contempler, c’est une autre affaire : pas une femme sur dix ne donne le plus léger désir d’en voir davantage. On peut se distraire pendant une heure ou deux à phonographier dans sa mémoire quelques fragments de causeries. Mais il est trop tôt ; cela devient un peu excentrique vers deux heures du matin, seulement.

— Et aussi, dit Calixte, à troubler par de brûlants aveux quelques cœurs naïfs.

— Ah ! reprit Hubert, tu deviens donc dilettante ? Oui, cela, c’est un plaisir assez sadique. Par exemple, il faut choisir des femmes appariées à des maris purement cacochymes, afin qu’un mâle après le bal ne vienne pas féconder en leur chair les germes de désir qu’on y aura semés. Alors, et tout naturellement, leur sommeil agité évoque le pervers phraseur, et ce doit être un petit adultère agréable, pour une femme vertueuse, mais bien incomplet. Note bien qu’elle doit être vertueuse, du moins jusqu’à la corruption