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un état dominateur par l’orgueil ou par la contemplation, par l’art ou par le mysticisme. Ces méthodes, connues dans leur principe, sont niées, ainsi que de féeriques enfantillages : il faut leur rendre dans le roman l’importance qu’elles ont dans la vie quotidienne. Animal, l’homme n’a pas laissé que de perfectionner l’animalité, et le christianisme fut, croit-on, un notable avancement spirituel. Il a doué d’une âme complexe l’humanité simple. Quand Flaubert écrivit Salammbô, il fit instinctivement de la jeune prêtresse une carmélite plutôt qu’une vestale, car la vestale obéit à un ordre et la carmélite à une dilection ; l’une s’attache à son état par habitude, l’autre par amour. L’idylle, la satire des mœurs, le roman picaresque, la passion tragique et fatale, l’épopée patriotique, la plainte amoureuse, les anciens n’eurent pas d’autre littérature : les premières histoires d’une âme, le premier roman analytique naquit spontanément dans le génie nouveau d’un esprit christianisé et ce fut saint Augustin qui l’écrivit : la littérature moderne commence aux Confessions.

Elle doit y revenir. Zola et d’autres peuvent continuer, de cataloguer leurs animaux inférieurs, nous n’y prenons nul intérêt : ce sont d’informes créatures en train d’acquérir la lumière, des intelligences chrysalidées : peu nous importe la qualité des soûleries dont ils se gorgent et les prurits qui font craquer la virginité de leurs filles. Ce qui n’est pas intellectuel nous est étranger.

La déconcertante ironie, qu’en ce siècle qui boit