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son pied nu, bien doucement, pour ne pas lui faire de mal.

Ah ! je te tiens, jolie bête ! » — « Non, non, tu ne me tiens pas. Ton pied nu s’est posé sur mon ombre.

Ah ! cette fois, jolie bête, vous êtes ma prisonnière ; je te tiens, jolie bête, je te tiens dans mes mains.

— Tu me tiens et tu ne me vois pas, car l’odeur de mon corps aveugle les hommes. Tu me tiens, et tiens !

Tiens, je t’échappe et je cours. Cours après moi, cours après la jolie bête.

Ah ! voilà soixante ans que je cours, je suis las ; viens, mon fils, c’est loi qui la prendras, la jolie bête.

Je suis las, je m’assieds ; va, ton heure est venue de courir après la jolie bête !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ayant fini celle rhapsodie, Entragues rédigea le début de l’histoire de Gaétan Solange, qui depuis longtemps le tourmentait.

C’était une façon de s’illustrer soi-même par un commentaire anticipé, car il était à la veille, sans doute ! d’un pareil état d’âme : demain, Hubert et Gaétan ne seront-ils pas de vrais sosies, si cela continue ?