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XXX.— L’HOMME ET LA JOLIE BETE


« E parvemi mirabil vanitate

Fermar in cose il cor, ch’el tempo preme, Che mentre più le stringe, son passate. »

L’ETRARQUE, Triomphe du Temps.


La veille, Hubert avait eu le courage de rentrer, de se dévêtir, de se coucher, de s’endormir, sans admettre l’intrusion, en sa conscience, d’aucune pensée. Il s’était fait semblable à un chien battu chargé d’une honte irraisonnée, et enfoncé sous de lourdes couvertures, les yeux clos, il avait atteint le sommeil par un système de longues et lentes inspirations qui, en réglant le mouvement du cœur, calmait puis engourdissait le cerveau, comme un chloral.

Son aventure, le matin, le fit sourire et même il composa, sur un ton de raillerie attristée, une suite de petits vers acrobatiques, intitulés : Le Fil. D’une quinzaine, deux strophes l’amusèrent ; il les écrivit :

LE FIL
De quoi s’agit-il ?

Du presque rien. Ah ! Le plaisir tient à

Un fil.