Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

que Sixtine à son approche avait jeté à terre, Hubert eut un moment d’angoisse :

« Je me suis trompé de femme ! »

Il lui semblait que son amour s’abjectait à la promiscuité avec de banales aventures dans cette tête pourtant charmante et fine, sous cette fauve chevelure.

« Voilà ce qu’elles aiment ! »

— Vous avez l’air chagriné ? demanda-t-elle.

— Oui, répondit Hubert franchement, et afin d’obtenir une réponse rassurante, c’est de voir votre grâce se plaire à d’indignes lectures.

— Mais, ce livre, je vous jure, est convenable et de plus émouvant. Je m’y plais, ainsi que vous le dites et tenez, il me serait très pénible d’en avoir égaré les autres tomes. Je l’avais cru, tantôt : Dieu merci, l’angoisse fut courte. Les voici, ajouta-t-elle en fouillant parmi les coussins, et je regrette qu’il n’y en ait que trois et d’être obligée, quand je serai au bout, de recommencer une autre histoire. Oh ! la qualité de la littérature, pour cette sorte de distractions, m’est bien indifférente : il suffit que cela soit compliqué, menaçant, absurde comme de l’impossible. C’est mon opium, ou si vous voulez, ma provision de cigares. En quoi voulez-vous vraiment, que cela m’intéresse, vos choses analytiques et… quoi ? symboliques ?

— Hier, pourtant ? hasarda Hubert.

— Hier, l’émotion esthétique était de mise. Cela s’accordait à la nuance de ma robe et à la forme de mon corsage, auxquelles, d’ailleurs, vous n’avez pris garde.