ce point que son presque contemporain, Josèphe, petit-fils des grands-prêtres et descendant des Macchabées, capitaine général des Galiléens, l’historien de tous les menus détails de l’histoire juive, Josèphe n’a jamais entendu parler de Jésus. Je pourrais vous donner de plus accessibles exemples, mais celui-ci est primordial et ceux d’entre nous, qui subissent injustement une vie obscure, ne doivent pas s’en juger humiliés : s’ils en sont dignes, leur jour viendra et sinon, il est bien inutile qu’une lumière surgisse qui doit s’éteindre.
— Vous êtes bien orgueilleux, vous tous, dit Sixtine, vous ne seriez pas fâchés d’être, en vos misérables misères, comparés au Fils de l’Homme.
— Oh ! jamais, répondit Hubert, je n’ai rêvé d’un tel blasphème et aussi ridicule. Comme des saints et des âmes moins hautes, mais douées de bonne volonté, prennent en exemple la carrière humaine de Jésus, et se consolent de leurs souffrances méritées aux imméritées injures du Christ, il nous est bien permis d’apaiser le sentiment de nos déboires par de semblables méditations. Voulez-vous que nous prenions pour thèmes d’oraisons la vie de Socrate qui mourut ignoré des Grecs ? Voulez-vous Benoît de Spinoza ? il fut polisseur de verres de lunettes, buveur de lait, et mourut d’inanition, non par pénurie, mais par distraction et par oubli de la nourriture, ayant autre chose à faire.
Sixtine était confondue d’étonnement qu’au sortir de communes émotions esthétiques et sentimentaires, on lui tint de si peu sapides discours. Elle essaya de