Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

criaient à la vie : « Ce n’est plus de tout cela qu’il s’agit ! Adieu ! » …

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et à la fin, quand ils redescendirent avec le rideau dans la salle stupéfaite, le même cri étouffe sortit de leurs bouches, le cri de Hamlet :

« Horrible ! horrible ! horrible ! »

Entragues, emporté par un mouvement de colère, bien peu dans le caractère de ses tous les jours, interpella ainsi un siffleur :

— Monsieur, vous êtes un malfaiteur !

Comme le coquin se contenta de hausser les épaules, tout en serrant sa clef, il est vrai, en place de la colère il sentit sourdre en lui de la tristesse et de la honte.

— Nous protesterons, dit Sixtine, en nous abstenant de la suite.

Il était neuf heures. Des gens s’étant épargné le lever du rideau, attendaient, se promenant sous les galeries, feuilletant les derniers romans : Hubert reconnut plusieurs éminents critiques, crut lire en exergue sur le ruban de leurs chapeaux la répétition de l’aveu naïf que fait Collé dans son Journal : « J’entrepris de critiquer le théâtre, ne pouvant par moi-même y rien produire. » Ils parlaient de la reprise de la petite machine, et l’un d’eux jugea, en un style simple et neuf, que « le besoin ne s’en faisait peut-être pas très vivement sentir » . Cette ironie fut goûtée.

— Nous irons à pied, dit Sixtine.

Le temps était humide, assez clément. Ils allaient