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XXVIII.— LE FRISSON ESTHÉTIQUE


« Le style est inviolable » Ernest HELLO


D’ailleurs, voici le printemps, ça me ragaillardit. Tu verras, disait l’acteur, avec un malicieux sourire. Tu verras. Je ne déteste pas la campagne, une fois le temps. Elle inspire des idées fraîches, souvent lucratives. C’est comme le théâtre…

— Le public semble inquiet, dit Sixtine. On jurerait qu’il ne comprend pas.

— En attendant qu’il se révolte. Il est permis de maudire l’argent, non pas de le mépriser. Comment voulez-vous, continua Hubert, inciter des hommes à la moquerie de la secrète quintessence de leur idéal. Ironiser le lucre au théâtre, c’est blasphémer Dieu dans une église.

« Oh ! l’air que j’ai, moi, Monsieur, disait l’actrice, ne signifie jamais rien… »

Ceci fut pris par Sixtine comme une allusion presque personnelle. Elle aurait voulu s’entendre apostropher d’une phrase qui permit une telle réplique. Toute l’hypocrisie imposée aux femmes protestait en ces syllabes contre la sottise des hommes qui ne devinent pas. Quand elle entendit :