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XXVII.— L’ÉDUCATION DES FILLES


« Enamourée, tant que mon cœur étouffe ! » CIACCO DELL’ANGUILLARA.


Ensuite, étant sorti, des bribes de la conversation de la veille lui revinrent en mémoire, le plaisir prochain de la soirée promise le fit penser au théâtre, et il relisait mentalement quelques-uns des plans dramatiques qu’il avait conçus et rédigés.

Deux ou trois surtout le requéraient, esquissant quelques brefs tableaux de la sottise, de l’égoïsme, de la méchanceté, de l’avidité éternelle et contemporaine aux prises avec la passion concrétée en de très jeunes cœurs. Sur la scène, il ne faisait monter que des personnages simples, dominés par un vice, par une ambition, par une manie ; nulle analyse qu’à la grosse, des vraisemblances extraites avec soin de l’invraisemblable fouillis de la vie ordinaire ; surtout, des notations d’âme, allant au symbole, et pas de faits divers, pas de revirements, pas de conversion du fait d’un fait. Quel agréable spectacle, par exemple, que la légende de l’Enfant prodigue, découpée en images, ou l’histoire qu’un fabricant de biscuits fait imprimer pour sa clientèle en rose pâle sur du papier scabieux, ou tel conte populaire, ou plus haut, dans les choses saintes ou sacrées, la Passion, la Vie