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— Il nous reste la Fiction et les Vers, dit Entragues, et cela me suffit.

Dazin, qui n’avait proféré que des inarticulations depuis que ses voyelles bleues et rouges avaient sombré sous les coups de vent de la causerie, déclara :

— Rien, plus rien, et d’ailleurs, il n’y a jamais eu rien, mais on croyait, on ne croit plus. Ils ne savent pas écrire, ils ont peur des mots. Moi je les aime. Bientôt vont surgir les Abyssales, qui, en ce moment s’impriment : vous verrez c’est un chapelet de médailles où avec une certaine force matérielle j’ai relevé des profils de femmes. Je les crois d’un tolérable style. Voici de la première, les premières lignes :

« Basilisse, icône.— En la lubrique et parthénoïde incognition l’abyssale lueur du muliébrile futur vers les flammes et la brûlure chimérique ah (les ailes se déploient pour ce vol et chatoient les prunelles : la soie se froisse au froissis du charnel) ! somnole et se voilent blonds les sens cruels !

Elle.

Si blonde l’ombre.

Sourire à la croissance des gazons vernale et les glaïeuls mourraient d’ennui le sang retourne au cœur.

Aigus déjà ? l’arachnéenne matité en déchirures et les pointes le rouge et le bouclier se décide aux auréoles jumellement ondent les Seins. »

Parmi les flocons de ce brouillard verbal, Entragues soupçonna qu’on avait voulu suggérer la naissance de la puberté et l’éveil des sens. Il savait les faciles