Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

du pourtour, regardant à droite les crânes et à gauche les livres, ou bien, à droite les livres et à gauche, les crânes. Évidemment, tous ces crânes croyaient à la science et venaient là pour s’infuser les livres, en lesquels, comme on sait, toute science est contenue. Pline, aussi, croyait à la science, et Paracelse, et Erasme et Sammaize et où est-elle, Villon, leur science, là où n’iront jamais tes vers, mauvais écolier ! Tu savais toi, et entre beaucoup de choses, tu savais ceci, que celui qui meurt « meurt à douleur » . Travaillez, travaillez et un jour, comme fiel, la science vous crèvera sur le cœur. Si c’est pour vivre, travaillez, c’est une excuse, bien qu’il ne faille pas, ainsi où il est écrit dans une préface, attacher trop de prix au pain quotidien, « mais, continuait Entragues, faut-il que l’humanité s’ennuie, par destination, pour qu’il y ait des amateurs de travail ! »

— Comment, toi, Oury ? je te croyais en province.

— Je me suis fait, répondit Oury, un coin de province à Paris et comme tu vois je suis vivant, ou du moins j’en ai l’air.

— Et que fais-tu ?

— Rien.

— Comment, rien ? et je te trouve penché sur de gros catalogues ?

— C’est pour me reposer un peu la vue, car je ne travaille pas, je regarde travailler.

— Ah !

— Oui, tous les jours, je viens ici vers midi et je reste jusqu’à la fermeture. En été cela dure jusqu’à