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XIX.— NOUVELLES INDICATIONS


« Le fol n’a Dieu. » Épilogue des Contes d’EUTRAPPEI.


« Quelle pénible soirée ! se disait Hubert, rentré en son logis. Que de sottises il m’a fallu penser, que de banalité entendre, que d’âneries braire ? Et dans quelle langue ! Pourvu que la partie pratique de mon discours ne soit pas inutile ! Je compte sur la brutalité entremêlée de larmoiements : Sixtine sera irritée ou ennuyée, et le Russe disparaîtra de notre vie. Oui, notre vie, j’ai des droits sur cette femme, ceux de la mutuelle intelligence : nous nous comprenons ; avec un peu d’advertance et de verbales caresses, je puis acquérir près d’elle une agréable situation anténuptiale. Elle n’est pas de celles que domine un perpétuel appétit de chair et je crois que sa délicatesse accueillerait comme une honte l’idée seule d’un viol consenti. Eh ! en somme, je ne la connais pas : le plan que j’ai donné à Moscowitch est peut-être bon. Oui, on ne sait jamais, mais, s’il le suit, il aura l’air de ne pas être sincère et elle s’en apercevra. »

Le lendemain, il fut moins philosophe, et, dans un moment d’humeur, se posa cette alternative, qui déjà la veille l’avait un instant occupé : « Ou bien me désintéresser complètement de Sixtine, ou bien devenir