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après des banalités, conta quelques pages de l’histoire de M. Sabas. Carrière à la Tolstoï, sans le final mysticisme : un peu de Caucase, un peu de seigneurie en des domaines désorganisés par la récente liberté, un tour d’esprit réformateur, mais à la moderne, des succès au théâtre par des drames de combat qui avaient déplu au tzar ; enfin, et c’était le côté intéressant de M. Sabas, il venait en France faire jouer ces drames. Comme il savait d’enfance le français, il les traduisait lui-même. Pourtant des conseils lui seraient profitables : il aurait également besoin de quelque appui dans le monde littéraire. Elle escompta hardiment la complaisance de Hubert.

— M. d’Entragues pourra vous être très utile.

Entragues, d’un ton très mesuré, offrit ses services. Lire ces drames, présenter l’auteur à la Revue spéculative, endoctriner Van Baël, qui connaissait tout le monde, gagner Fortier, tout cela était faisable. Même, Fortier cherchait du neuf : après les romans, ce serait une idée à le tenter que la publication d’un drame russe. On en ferait passer un à la Revue, avec tapage, et le chemin s’ouvrirait frayé pour les autres.

Sixtine parut enchantée de ce plan ; Moscowitch entrevit la gloire ; Entragues se disait : « Ou bien on se joue de moi et je n’ai rien à perdre en me montrant aimable pour ce Russe ; ou bien elle ne s’intéresse à lui que par vanité et plus je ferai, plus elle m’en saura de gré. Non, certainement, je serai dupe et sans compensation ; il y a entre eux de vieilles relations : les S. M. en sont la preuve. Oh ! que j’ai