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XVII.— L’ADORANT


II.— PLUMES DE PAON


« Aria serena, quand’apar l’albore

E bianca neve scender senza vento… Ciò passa la beltate… De la mia donna… …Non po’'maginare Ch’om d’esto monde l’ardisca amirare… Ed i’s’i' la sguardasse, ne morira. »

GUIDO CAVALCANTI.


Il pleuvait des plumes de paon,
Pan, pan, pan,
La porte multicolore s’embrasa de flammes.

Le ciel de lit trembla vers un oraystis,
Il pleuvait des plumes de paon,
De paon blanc.

Délicieusement la tour roulait comme une balancelle, roulis du soir sous la brise de mer. Et vraiment, il pleuvait des plumes de paon : Guido s’en étonnait et soufflait dessus. Il en attrapa une, au vol : elle était blanche, avec un œil orange aux lumineuses intermittences. Ah ! Voilà qu’elles se mettaient toutes à le regarder : elles s’arrêtaient devant lui, souriaient, tombaient, mouraient. Vers la terre, le vent les faisait tournoyer un peu, de la poussière flottait, puis rien : les passants ne levaient seulement pas la tête.

La tour pencha à toucher le sol : Guido sauta dans la rue. Il ne s’était pas trompé : les plumes de paon