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A celui qui sait communier avec la nature, elle parle sur tous les modes, avec des accents tristes, gais, éloquents. La voix s’insinue au cœur, le guérit ou le console. Quand tu sentiras venir l’agonie de la dernière heure, prête l’oreille à ses suprêmes enseignements : Tu vas mourir, bientôt de toi rien ne va plus demeurer. La terre qui t’a nourri va t’absorber au sein des éléments. Tu deviendras pierre ou terre, tu alimenteras les racines du chêne. Oh ! ta tombe ne sera pas solitaire… « Avec toi reposent — Les patriarches de l’enfance du monde, les rois, — Les puissants de la terre, les sages, les bons, — Les formes et les rudes ancêtres des âges lointains, — Tous dans le même sépulcre grandiose. Les collines — Aux flancs pierreux, aussi vieilles que le soleil, les vallées — Qui les séparent et s’étendent au loin dans leur abandon pensif ; — Les bois vénérables, les fleuves qui se meuvent — Majestueusement, et les ruisseaux plaintifs — Qui font verdoyer les prairies ; et, répandue tout autour, — L’immensité grise et mélancolique du vieil Océan. — Tout cela n’est que la solennelle décoration — Du grand tombeau de l’homme. »[1]. Tout ce qui respire partagera ton

  1. The hills
    Rock-ribbed and ancient as the sun, the vales
    Stretching in pensive quietness between
    The venerable woods, rivers that move

    .