Amérique, ou plutôt, comme une grande écolière ignorante, ânonna pendant des années une leçon mal apprise, Ce que disait un peu injustement Keats de l’époque de Pope et de Dryden, on peut l’appliquer à ce Parnasse puritain. Leur Pégase était un cheval de bois :
With a puling infant’s force
They sway’d about upon a rocking horse,
And thougt it Pegasus.
Il n’y a pas d’autre ressemblance entre les poètes de la métropole et leurs premiers contemporains de la Nouvelle-Angleterre, entre Waller, l’auteur charmant des vers A une rose, Sur une ceinture, et Michael Wigglesworth, l’auteur du Jour du Jugement. Un seul point de comparaison, c’est que les poètes cavaliers ramènent au calme le blood-and-thunder style, et que les puritains le ramènent à la-platitude. Ce qui demeure fondamental, c’est l’origine religieuse de la poésie comme de toute la littérature américaine. Ce caractère, elle ne l’a pas encore perdu ; elle se ressent encore du grand théologien Jonathan Edwards : Emerson se posa toute sa vie en pontife, et son poète d’aujourd’hui, Walt Whitman, voudrait bien être pris pour un prophète, tout démagogue qu’il soit, et renouer la chaîne avec Osée ou avec Baruch.
Les généralités qu’on vient d’avancer sur la