vous ne lui ressemblez pas. » Enfin, La Roncière avait la réputation d’un débauché, d’un joueur ; sa vie était irrégulière ; ses camarades le mésestimaient. Il semble qu’il fût peu intelligent et d’un caractère faible, puisque, à un certain moment, pour sauver, à propos d’un duel, l’apparence de son honneur, il consentit, dans un billet qui, il est vrai, devait rester secret, à se reconnaître l’auteur des lettres anonymes.
Ces lettres, qui reproduisaient parfaitement son écriture, étaient des plus singulières et fort incohérentes. L’exaltation s’y montrait extrême. Il n’y était question que de haine, de vengeance, de crime : « Il me faudra la mort pour assouvir ma vengeance, disait une des lettres, adressée à un ami de la famille ; dans quelque temps, cette jeune fille ne sera qu’une pauvre créature dégradée. Si vous en voulez comme cela, on vous la jettera dans les bras. Je l’aime comme un fou, c’ést-à-dire son argent, et à ma manière : j’aurais voulu lui tourner la tête ; son petit air dédaigneux m’a empêché de le lui dire. Aussi, je me vengerai sur elle de son amour pour vous. »
« Comme on le voit, observe l’acte d’accusation[1], ces menaces pouvaient déjà faire pressentir de sinistres projets. » En effet, elles ne de-
- ↑ Résumé dans : Drames judiciaires. Causes célèbres de tous les peuples. 1re livraison. Vers 1855.