faussement intitulé Manners. Holmes, du reste, partage le goût de la civilisation précieuse avec l’élite des écrivains américains. De caractère, autant que d’origine, Poe était fort aristocrate ; Hawthorne n’oublie pas qu’il descend des antiques puritains, fondateurs de Salem. Ni Howells, ni Faucett, ces deux romanciers du bon ton, ne vont jamais chercher leurs types dans les classes des farmers ou des merchants, que pour y chercher des exemples de vulgarité, low humanity. La constitution des Etats-Unis et les habitudes générales sont foncièrement démocratiques ; la littérature y est plus aristocratique qu’en Angleterre même. Il y a d’ailleurs, à Boston et surtout à New-York, une société, très hautaine de prétention, aussi fermée que l’ancien faubourg Saint-Germain, qui a eu sur les lettres une profonde influence. C’est pour elle que Howells a écrit Chance acquaintance, et Faucett A gentleman of leisure.
Holmes a l’esprit trop fin pour ne pas voir tous les défauts de ses compatriotes ; il va plus loin, et ses remarques sont presque toujours d’une application générale. Il n’oublie pas qu’il est des travers communs à tous les hommes ; ce sont ceux-là qu’il vise avec un véritable instinct de moraliste. Il a le mot méchant, l’ayant juste. Aller chercher la morale au milieu des aphorismes de l’autocrate, c’est cueillir des violettes