quement découpés en anecdotes, au cours du Journal, il me semble que je les aimerais beaucoup mieux. Est-ce que la vraie vérité de l’Anatole de Manette Salomon n’est pas chez le Pouthier du Journal ? Et que me sont, à côté de la vie tragique du peintre communard, les anecdotes d’atelier et les charges et les scènes comiques (très comiques à la vérité) où il se noie tout le long du roman ? Ne vais-je pas jusqu’à préférer la lointaine silhouette esquissée de page en page du Journal, à sa transposition en Madame Gervaisais, encore que ce livre ait de belles parties auxquelles je ne voudrais pas renoncer ? Je vais dire toute la vérité : je ne me promène plus dans le jardin romanesque des Goncourt et je ne visite plus les chambres de la maison, aux pavillons si biscornus, mais j’aime au contraire à rêver le long de la longue avenue, un peu tortueuse, où ils notèrent au jour le jour, et le dernier des Goncourt, jusqu’à la dernière heure, tout ce qu’ils avaient retenu de leur défilé parmi les hommes.
Je lus le Journal à mesure de l’apparition des volumes, jusqu’au dernier, que je reçus de la main d’Edmond de Goncourt, quoique je ne l’aie jamais connu personnellement, et depuis lors je crois bien que je l’ai relu deux ou trois fois encore, ce qui est quelque chose pour un ouvrage en neuf volumes. Les deux premiers, presque en entier l’œuvre de Jules,