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a qu’à parcourir quelques volumes de vers libres, pour voir à quel point le nouveau masque est transparent. Il est vrai que les praticiens du système sont en train de le remmailler, mais il faudra cent ans avant qu’on y soit pris.

Cependant il s’agit de Léon Dierx, de ses rapports avec le Parnasse, de ce qui caractérise sa manière, et il me reste bien peu de lignes pour m’acquitter de tant de choses. Aussi bien, une bonne étude vient de paraître sur lui et je n’ai écrit tout d’abord son nom que pour rattacher à l’actualité ces réflexions générales, car il est en train de publier sans bruit, avec un noble désintéressement de toutes vaines louanges, l’édition définitive de son œuvre. J’aperçus pour la première fois Léon Dierx à la Bibliothèque nationale, et son nom me le signala plutôt que son attitude ; car c’était une grand silhouette timide, sobrement vêtue de noir, laquelle, au premier abord, ne décelait rien d’un poète. En ce temps-là, je ne connaissais guère de sa poésie que Soir d’octobre, rencontré dans une vieille livraison de l’Artiste, mais cela suffisait pour que j’en considérasse l’auteur avec une certaine curiosité. Il est peu question de Léon Dierx dans les abondants souvenirs de l’école parnassienne. On peut affirmer qu’il ne survivra point par l’anecdote, car on ne lui prête aucun bon mot et on ne le représente jamais dans une situa-