des grands poèmes de Machaut est très simple. Le Dit du vergier rappelle au début le Roman de la Rose, mais il en diffère profondément par le ton, qui, loin d’être satirique, est purement amoureux. Il a un sens très net de ce qu’il y a de personnel dans le sentiment, et même, quand il semble parler de toutes les femmes, c’est la conduite de sa Dame qui lui sert de thème. La poésie, avec Guillaume de Machaut, abandonne franchement le vague des généralités, où elle se complaisait jusqu’alors. Il y a encore en elle beaucoup de lieux communs, mais ils tendent à revêtir une couleur particulière. En même temps, la langue se fait beaucoup plus simple, plus claire, plus familière, plus individuelle aussi.
Les événements politiques et sociaux retentissent fortement dans son imagination. Ses poèmes aux nombreuses digressions sont une des sources historiques du quatorzième siècle. Un des mieux remplis à cet égard est le Jugement du roi de Navarre, où il passe en revue les grands événements qui troublaient alors le royaume, les manifestations des Flagellants, les soulèvements des paysans, les émeutes contre les juifs, enfin la peste noire, dont il nous a laissé un tableau comparable à celui de Boccace pour la lugubre précision des détails. Il y a même là un parallélisme très curieux et qui prouve la véracité des deux récits.
Après la mort de Jean de Luxembourg, Guillaume