tion d’art. Les déclamations d’Ovide, grâce à cela, parurent comme un renouveau de l’expression amoureuse, et les mignardises d’Anacréon qui n’ajoutaient pas grand’chose à la finesse naturelle de notre esprit, n’en firent pas moins déprécier le Roman de la Rose, les magnifîques plaintes d’amour d’Eustache Deschamps, la désinvolture de Marot. Ces traductions, et l’Homère de Salel et de Jamjn et surtout le Pétrarque de Vasquin Phillieul, ne préparèrent pas les poètes de la Pléiade, qui puisaient aux sources, mais leur façonnèrent un public capable de les comprendre et ayant mis d’abord sa propre sensibilité en accord avec celle qui les voulait émouvoir. Un poète sans public peut faire figure dans le futur, mais non dans le présent.
Pour que les esprits acceptent le nouveau comme tel, pour qu’ils en soient émus, il faut qu’ils le désirent. Il y a là un élément qui échappe à l’analyse. Pourquoi se mit-on, en France, au seizième siècle, à désirer des idées nouvelles, à les vouloir, à les découvrir dans n’importe quelle œuvre étrangère, même médiocre et où elles n’existaient guère, sinon par contraste, je ne le sais trop pour ma part. On peut toujours faire appel à la lassitude d’une civilisation usée, mais pourquoi cette civilisation, au lieu d’endormir les esprits, les met-elle au contraire dans cet état spécial d’innervation où l’on attend autre chose, n’importe quoi ? De vraie explica-