LES TRADUCTEURS
Les historiens de la littérature française n’ont pas fait une grande place aux traducteurs, et même ils les passent généralement sous silence. Isaac Benserade, qui mit l’histoire romaine en rondeaux, ou maître Adam, qui, si péniblement, chevilla ses laborieuses Chevilles, les requièrent, mais ne leur parlez pas de Pierre Saliat qui mit le premier Hérodote en français, ni de Jean Baudouin qui fit connaître à la France les œuvres de François Bacon, ni d’Antoine de La Place, le premier traducteur de quelques pièces de Shakespeare. Ils ignorent l’influence que ces hommes, dont je n’ai cité que quelques-uns et presque au hasard, eurent non pas certes par leur génie, mais par leur initiative, sur les orientations successives de l’esprit français. Je crois bien qu’on s’imagine encore, et même plus que jamais, que la littérature française s’est développée au cours des siècles selon une originalité majestueuse, jamais troublée par les apports de l’extérieur. Ne voyait-on point récemment M. Lasserre,