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moi, et je l’avoue sans honte et même avec une certaine candeur, je n’ai guère jamais écrit sur un sujet que je n’en fisse, en même temps, la découverte. Discourir sur ce que l’on sait trop bien, quel ennui ! Tandis que débrouiller ses idées à mesure qu’on les expose donne au moins les joies de la trouvaille, à défaut de celles de la création.

Je n’ai donc nullement conféré entre eux les manuscrits de Guillaume de Machaut, celui de Jean de Berry avec celui des Carmes déchaux ou, avec ceux de la Bibliothèque nationale, ceux de Berne ou de Stockholm. Je m’en rapporte à qui fit avec soin de telles recherches[1] pour lesquelles j’ai beaucoup d’estime. On ne trouvera non plus aucune lumière sur la famille du poète, si elle était de Machello ou de Machaudio, sur la date de sa naissance qui flotte entre i3oo et i3o6, sur le lieu de cette naissance qui est certainement îa Champagne et probablement Reims, sur l’année où fut composé son poème capital, le Voir-Dit, année 1363, selon Paulin Paris qui a étudié avec ténacité ce point obscur, non plus que sur plusieurs autres problèmes qui se rattachent au Voir-Dit, mais dont la solution importe peu à la connaissance de l’extraordinaire psychologie qui s’y révèle.

Ce qu’il faut savoir de façon très nette, c’est que

  1. Par exemple à M. Chichmaref,Poésies lyriques de Guillaume de Machaut. Champion, éditeur, 2 vol. in-8e, 1909.