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par les merveilleuses ballades de Laurent Tailhade. Depuis Marot, Vilton ou Saint-Amand, on n’avait pas vu une telle verve, ni une telle audace de satire. J’en suis bien fâché pour les victimes du redoutable mastigophore, mais il est probable que la postérité s’amusera encore à leurs dépens. Qu’elles aient un peu de patience, on les réhabilitera certainement comme celles de Boileau, dans deux ou trois siècles. Beaucoup de refrains de ces ballades sont passés déjà à l’état de citations courantes « On mange du veau chez Allard. — Le commerce des veaux reprend. — L’homuncule dans la bouteille. — Joli cadeau à faire à un enfant », et d’autres, moins honnêtes, mais dont notre malignité ne se souvient que mieux.

Laurent Tailhade contribua beaucoup sans doute, question de talent et aussi de scandale, à la diffusion du Mercure. Les petits contes et tableautins pittoresques de Jules Renard lui furent aussi un élément de succès. Ses courtes comédies sont en raccourci, comme le Plaisir de rompre, dans ces pages minutieuses données presque en chaque numéro de la revue. C’est là aussi qu’il faut chercher la première version, plus aiguë et plus ramassée, de Poil de Carotte, cette satire de la famille qui évoque les invectives de Vallès et ne leur ressemble pas. Tout cela était bien loin du symbolisme, et les poètes de la maison ne s’en rappro-