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JEAN MORÉAS


Dans l’élaboration des écoles littéraires qui se sont régulièrement succédé depuis un siècle, les petites revues ont toujours joué un rôle important. On a conservé ou retrouvé le souvenir du Mercure de France que régissait Chateaubriand, du Conservateur, organe de Victor Hugo, du Globe (un journal, à la vérité), où domina Sainte-Beuve. La Revue des Deux Mondes fut, en ses beaux jours, une petite revue. Les seconds romantiques eurent la Revue française, où parut Baudelaire ; les Parnassiens, la République des Lettres ; les néo-Parnassiens, la Revue du monde nouveau ; les naturalistes, la première Revue indépendante. J’abrège cette nomenclature, qui n’intéresse que les curieux de livres ; pourtant l’histoire littéraire ne peut s’écrire sans le secours des petites revues et qui ne les connaît pas demeure dans l’ignorance et dans le vague. Ce sont les vraies et les seules sources, comme au dix-septième siècle, les « recueils » ; dans presque tous les cas, du moins, le livre ne se présente qu’en second témoignage. Les petites