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pour n’en pas recevoir de contradictions trop apparentes. Il logeait évidemment dans un assez confortable appartement, car c’était un raffiné ironique comme Huysmans lui-même, mais il avait soin de prendre ses repas dans une des gargotes fréquentées par M. Folantin. Huysmans a décrit d’un ton rèche et amusant ce restaurant du quartier, plus célèbre par ses crédits à long terme que par sa tenue. C’est là que je connus Th…, dans un estaminet annexé à l’établissement. Il vidait une tasse de café dont le goût frelaté agréait à sa philosophie. En mâchonnant un médiocre cigare, il en tira un long poil humain, parut enchanté, et nous expliqua que les cigarières s’humectaient les doigts avec moins de pudeur que de dextérité. Cette ignominie lui semblait toute naturelle. Son voisin n’ayant plus de tabac, Th… lui passa obligeamment une blague en forme… mettons en forme d’ordure, disant « C’est ce qu’on trouve à acheter dans les bazars. Tel est le goût du jour. Il ne ratait aucune de ces acquisitions saugrenues ; il s’en était formé un petit musée, dans le goût de la galerie de peinture d » M. Courteline, qui semble avoir subi, en sa jeunesse, l’influence de ce naturalisme négatif.

M. Céard a écrit un roman où il ne se passe rien. Si je me souviens bien, Une belle journée est l’histoire d’un couple qui s’embarque pour la campagne, est surpris par la pluie, entre dans un café, puis