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Il y en a aussi quelques-uns qui sont toujours bons.

De si longs préliminaires n’ont d’autre but que de me permettre d’avouer, sans trop de honte, que je n’ai pas lu tous les livres de M. Rosny. Son dernier roman, même, je n’ai encore eu que le temps de l’entr’ouvrir, pour y deviner la magnifique histoire d’une passion mêlée aux péripéties de la lutte sociale. Ce n’est pas assurément la sorte de livres que je préfère, mais il ne faut rien négliger de cet écrivain original et tourmenté qui revient, après une longue carrière, aux idées qui furent l’attrait de sa jeunesse.

C’est Huysmans qui me fit connaître ses premiers romans à l’heure où leur succès, s’ils en eurent, était plus social encore que littéraire. Mais quand la réputation de Rosny devint plus littéraire que sociale, la sympathie de l’homme, en qui montait déjà le catholicisme, se mua brusquement en une furieuse haine. Dans mon innocence, j’écoutais placidement ces divagations de la jalousie, sans savoir que cela en était. Je crus longtemps que Rosny était un dangereux anarchiste et je m’étonnais qu’un écrivain de tant de talent voulût faire sauter la société, que sa mission était plutôt d’étudier et de peindre.

Brusquement, les Xipehuz et Tornadres me révélaient l’homme de génie que je n’ai cessé d’admirer, malgré quelques passagères faiblesses. Mais