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dont le Second Faust reste une énigme ? Celle de Browning, que plusieurs sociétés expliquent avec passion ? Celle des Chansons populaires, jadis les délices du peuple ? Mais ces vieux vers sont parfois si obscurs que la chanteuse qui s’en réjouit échoue à les comprendre.

Un spectre m’attendait dans un grand angle d’ombre,
Et m’a dit :
— Le muet habite dans le sombre.

Voici maintenant le morceau de M. Fouquier, — à titre de document psychologique :

« . . . . . . . . . . .
Il est des morts qu’il faut qu’on tue.

« Hé ! non… Ne tuons pas les morts qui eurent leur heure de gloire, car cette gloire ne fut jamais sans quelque raison d’être et, dans le passé, elle dut peut-être moins qu’aujourd’hui au goût du paradoxe littéraire qu’on pousse jusqu’à la folie. J’imagine que quelques-uns de nos grands hommes d’à présent pourraient envier, dans un demi-siècle, ce qu’il reste encore du grand renom de Delavigne. Ces jours-ci, par exemple, est mort le roi des poètes. Le roi des poètes, élu, d’ailleurs, par un plébiscite particulièrement intime, était M. Stéphane Mallarmé. Croyez-vous que l’avenir, je ne dirai pas consacre, mais connaisse cette éphémère