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là, quelques pages un peu montées de ton, quelques autres pas assez révérencieuses, mais l’ensemble était pieux à souhait. On aurait pu encore, au point de vue de l’orthodoxie, relever dans ce livre excellent une pointe de manichéisme : le diable y montrait un peu trop ses cornes. Mais quelle est la dévotion qui ne tombe pas dans quelque petit travers ?

Ayant lu pour son plaisir, M. Lecamus relut pour son édification. Le premier chapitre lui agréait ; il admirait la subtilité de l’auteur à débrouiller la psychologie, jusqu’ici fort confuse, de la Vierge. M. Huysmans, éclairé sans doute d’une particulière grâce, en parlait comme d’une personne de sa famille, comme d’une pieuse tante, comme d’une vénérable grand’mère. Il la suivait dans ses voyages, de Paris aux Pyrénées, ey passant par les Alpes, dans ses moindres déplacements. On la voyait évoluer à Paris, s’installer à Saint-Séverin, puis, rue du Bac, de là « franchir les ponts » et « fixer son domicile dans l’endroit le plus contaminé de la ville, près de la Bourse ». M. Lecamus envia un instant cette familiarité avec les puissances surnaturelles, puis il continua sa lecture.

A ce moment, Céleste Lecamus, qui lisait la Croix, releva la tête, considéra le crâne de son mari et dit :