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vrai qu’il était Breton. Mais il faut qu’il les ait bien peu pratiqués, ces Indiens de l’Amérique du Nord, pour les avoir crus en état d’anarchie. Nul homme plus qu’un sauvage, et surtout un Peau-Rouge, ne fut lié par d’étroits commandements religieux et domestiques. L’homme de la nature est l’esclave de la nature, mais d’abord le serf de la coutume[1]. La liberté augmente avec la civilisation et il n’y a de vraie liberté que dans la civilisation extrême. Rousseau était excusable, mais que Chateaubriand nous convie à retourner, pour jouir de la liberté, parmi les sauvages du Canada, cela démontre un rare entêtement dans la chimère et dans le préjugé des premières lectures.

Sainte-Beuve a ainsi résumé, d’après le Résumé même de l’auteur, l’Essai : « L’expérience sanglante que la France et le monde viennent de faire dans la Révolution n’est pas nouvelle ; elle s’est opérée autrefois, la même presque à la lettre, dans les révolutions des anciens peuples, dans celles des Grecs et des Romains. Si l’on sait bien lire l’histoire ancienne dans ses moments principaux qui sont. 1° l’établissement des républiques en Grèce ; 2° la sujétion de ces républiques sous Philippe de Macédoine et Alexandre ; 3" la chute des rois à Rome ;

  1. Qu’on lise donc, à ce propos, soit le Golden Bough de Fraser, sont les Rites de passage de A. van Gennep.