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au poteau chilien. J’ai fait le trajet aller et retour, les chevaux sont bons, la fatigue supportable.

— Voit-on le pays, au moins ? interrogea la curiosité de l’explorateur.

— On en voit, continua Don José, ce qu’on en peut voir le long d’une grande route, sur un cheval à belle allure.

« On rencontre des maisons qui ressemblent à nos haciendas, une sorte de ville, à ce qu’il m’a semblé, sur la gauche, vers le milieu du trajet, ou un assemblage de jardins plantés de grands arbres. Si c’est une ville, elle peut avoir la population de San Juan, avec trois ou quatre fois plus d’étendue. Le pays est fertile, bien cultivé ; l’habitant blanc sans mélange apparent. Les hommes de l’escorte causent assez volontiers ; pourtant, il y a des questions auxquelles ils ne répondent pas. Je dois vous dire qu’il n’est pas absolument sûr que vous passiez. Quatre fois par an, ils ont des fêtes qui durent quinze jours et pendant lesquelles le pays est fermé. Comme elles sont mobiles et qu’elles suivent l’état de la culture et que le climat de cette petite vallée est très capricieux, elles varient souvent de trois et quatre semaines. Ne vous désolez point. Vous n’êtes ni un marchand ni un chercheur de trésors. Vous êtes un curieux, à qui je dirai tout ce que je sais et vous en apprendrez peut-être da-