Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme, sur sept cent cinquante lieues de frontière, la République Argentine n’a d’autres voisins que le Chili, je me demandai si don José se moquait, ou si quelque fantastique expédition m’entraînait à travers les montagnes vers la Bolivie, dont nous étions bien à quarante ou cinquante jours de marche.

Don José, voyant mon étonnement, ajouta :

— Le but de notre course est Santa Maria, à un mille et demi de la République Aventurine.

— La République Aventurine ? Je n’entendis jamais parler d’un tel pays.

— C’est qu’il n’est guère connu non plus, reprit Don José.

Comme les Aventurins ne s’occupent pas de leurs voisins, on les laisse en paix, et ils ne demandent que cela. Ils ne reçoivent pas les étrangers…

— Mais alors ?

— Oui, vous vous demandez comment vous pourrez passer, n’est-ce pas ? Voici. Arrivé au poste frontière, vous ferez simplement connaître votre désir d’atteindre le Chili en traversant le territoire aventurin. Alors, sans autre enquête, une escorte vous prendra et, par une excellente route coupée de relais, y compris une heure de repos sur quatre et sept heures de sommeil chaque nuit, en trois jours vous serez au delà du Portillo de Vento