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sont des dessins à la plume. S’il y avait aujourd’hui des artistes capables de dessiner les planches de la « Grande Passion », il ne serait plus utile de les faire graver sur bois ; la photogravure les reproduirait directement sans aucun dommage. Ainsi, tandis que l’ancienne gravure sur bois ne pouvait s’exercer que sur des dessins nets et finis, celle d’aujourd’hui n’est nécessaire que s’il faut reporter sur bois des photographies ou des dessins vagues, estompés ou maladroits. D’art manuel, elle est devenue art d’interprétation, et, dans ce dernier rôle, rien ne la remplace.

Les petits Holbein de l’Erasme de M. I. B. Kan sont des reproductions directes des dessins. Peut-être, avec leur extraordinaire habileté, les anciens tailleurs de bois auraient-ils pu ménager sans nulle cassure les traits si fins et si capricieux de l’artiste, mais le tirage eût promptement écrasé quelques-unes des fragilités de la planche, car on se servait de poirier, non même debout, mais de fil. Puisque Holbein a dessiné sur le papier, et non sur le bois même, la reproduction par la photogravure est nécessairement plus exacte que n’auraient été d’anciennes gravures exécutées d’après des calques. Les images de Hans Holbein ne furent gravées pour la première fois, par Stettler de Berne,