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par un des plus grands écrivains qui aient jamais existé. Plus tard, Sulpice Sévère, Grégoire de Tours fondent la véritable hagiographie qui va fleurir dans tous les cloîtres jusqu’à Voragine, qui semble en clore le cycle. Pour les Grecs, le grand hagiographe est Métaphraste, dont le recueil contient à peu près toute la tradition religieuse de l’Orient chrétien. A partir du xvie siècle, des écrivains ecclésiastiques firent des recueils, plus ou moins critiques, de légendes et de vies de saints, Surius, Baronius, Mabillon, Bollandus, Ribadeneira. Dans cette immense littérature, la Légende dorée n’a pas une grande importance. C’est une compilation faite avec un certain goût, mais trop abrégée ; plutôt, malgré le titre, un livre de piété qu’un livre de légendes.

Il y avait peut-être mieux à faire qu’à retraduire ce livre trop vanté : feuilleter les vieux recueils et en extraire les plus beaux récits. Césaire d’Heisterbach, qui est bien supérieur à Jacques de Voragine, et qui représente un mysticisme bien plus rude, eût fourni la Légende de sœur Béatrix ; Métaphraste eût cédé plusieurs de ses Menées ; on aurait interrogé tous les siècles et tous les milieux. Il y a des recueils ainsi compris, mais fort médiocres. On voudrait, non pas un livre de piété, mais un livre de contes, et qui prendrait place, au