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occasion de nous faire mieux connaître : on ne peut pas ouvrir le Sun, par exemple, un des grands journaux de là-bas, sans y rencontrer une étude sur quelque nouveau livre de France. Plus haut encore, dans une région plus désintéressée, il y a les revues et les magazines : or, en quel numéro de la North American review, du Scribner’s, du Harper’s, du Bookman, ne trouve-t-on pas des pages de littérature française ? Le Mercure de France traduisait l’autre jour, du Scribners, une des meilleures études que l’on ait depuis long-temps écrites sur Stendhal et où rien n’était dissimulé de son immoralisme. L’auteur de cet article, James Huneker, est, parmi les critiques étrangers, l’un des mieux renseignés sur les lettres françaises, l’un de ceux qui nous jugent avec le plus de sympathie et aussi avec le plus de liberté. Il a protesté avec force, dans plusieurs journaux américains, contre la campagne de diffamation antifrançaise et il a aisément prouvé que ceux qui la mènent ne sont que des ignorants et des fanatiques. Il n’y a donc pas lieu de nous en troubler beaucoup. Les Américains qui aiment la pornographie continueront de s’en approvisionner chez les industriels qui la fabriquent le mieux et dans les meilleures conditions commerciales. Et ceux qui aiment les beaux livres d’art ou de pensée continueront aussi à rechercher