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III

LE LIVRE FRANÇAIS EN AMÉRIQUE


On ignore généralement en France à quel point les États-Unis sont une nation soumise à l’esprit religieux. La multiplicité des sectes chrétiennes qui se partagent ce vaste empire n’a pas diminué leur crédit. Aucune n’est reconnue officiellement, mais toutes sont respectées, non seulement par leurs propres fidèles, mais les fidèles des autres sectes. Il n’y a pas longtemps, retenu à déjeuner par M. Roosevelt, un personnage français s’y trouva en compagnie de trois évêques, un protestant et deux catholiques. Les protestants, de beaucoup plus nombreux, sont fort divisés : aux vieilles sectes, luthériens, calvinistes, méthodistes, baptistes, quakers, mormons, cent autres sont venues se joindre, quelques-unes aussi bouffonnes que nos obscurs monodistes[1], mais aucune ne faisant rire, parce

  1. Fidèles de Guillaume Monod, qui se croyait Dieu. Voyes les Promenades philosophiques, 2e série.