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II

Ni en Angleterre, ni en quelques cantons de Suisse ou États de TAmérique du Nord, l’adultère ne relève du Code pénal. Il donne seulement lieu, en de certaines circonstances, à des dommages et intérêts infiniment variables, parfois très élevés, parfois presque nuls, si le conjoint trompé peut être lui-même convaincu d’infidélité conjugale. Ce système, qui représente le droit anglais, est loin d’avoir conquis le monde, dans la pratique, mais il a fait en théorie des progrès immenses pendent ces dernières années.

L’Angleterre est le pays où jadis, sous l’influence de l’Église, la répression de l’adultère s’exerça avec le plus de sévérité, de cruauté, de sauvagerie peut-on dire. Certes, il y eut à la même époque, en France, quelques exécutions capitales pour adultère, mais nous avons vu que l’internement dans un couvent était la peine de beaucoup la plus ordinaire. On ne trouverait pas sans doute, dans toute notre histoire criminelle, le récit de cruautés pareilles aux tortures qui furent infligées à Roger de Mortimer, convaincu, en 1329, d’adultère avec Isabelle de France, reine d’Angleterre. Il est vrai qu’il