Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les réformes, comme celles qu’il suscita lui-même, ne pouvait vivre que de l’exploitation de la vertu. Il se montra si dur, dans les premiers temps de son règne, que les instincts durent plier, au moins en apparence. L’épisode de la femme adultère, dans l’évangile, d’ailleurs apocryphe, de saint Jean, n’est qu’une anecdote sentimentale. Le christianisme n’apportait aucunement dans le monde l’indulgence pour les faiblesses charnelles. En aucun temps, dit M. Nast, qui vient de publier un livre sur l’histoire de l’adultère, l’Église ne frappa le coupable de la peine de mort. Sans doute, mais elle imagina une pénalité plus terrible : devenu chrétien, le droit romain condamna la femme adultère à la réclusion perpétuelle dans un couvent.

La peine était rarement prononcée d’office, mais elle était obligatoire sur la simple demande du mari. L’histoire du moyen âge a gardé le souvenir de ces recluses qui expiaient par de longues années de claustration un moment d’oubli passionné. Ce droit des maris chrétiens fut reconnu par les lois civiles ou les coutumes jusqu’à la veille de la Révolution française. De plus, le meurtre de la femme adultère par le mari trompé fut, pendant tout le moyen âge, tacitement autorisé par l’Église, comme en fait foi une lettre du pape Étienne. Il blâme vivement