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HISTOIRE DE L’ADULTÈRE


I

L’adultère est un acte d’une nature si spéciale qu’il a toujours dépendu du tribunal de l’opinion, en même temps que des tribunaux juridiques. D’autre part, l’opinion sur l’adultère est assez nettement déterminée par l’importance que les mœurs donnent à la constitution de la famille. A mesure que les liens de famille devenaient moins stricts, moins certaine l’autorité maritale, l’adultère a vu diminuer son apparence criminelle. L’échelle est vaste. De la peine de mort, la pénalité contre l’adultère est tombée à vingt-cinq francs d’amende. Tel est le chemin parcouru depuis les temps du vieux Caton jusqu’à ceux de M. Séré de Rivières, juge bénin et un peu ironique. Mais il ne faudrait pas se récrier sur la cruauté de la loi romaine. Elle fut rarement appliquée. Si on l’avait laissée fonctionner régulièrement, Rome eût été bientôt dépeuplée. Juvénal, qui protégeait la morale, s’indignait de