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tout, écrivant sur des registres tout ce qu’il avait compris et le reste encore, quitte à l’éclaircir plus tard par des notes qui contredisent le premier récit. Homme de belles-lettres aussi, mais secret, mieux fait d’ailleurs pour briller dans les cercles, que chez les libraires. « Il est glorieux, disait Maucroix, les louanges le rendraient fou. Il dit qu’il est en esprit ce que madame de Montbazon est en beauté. » De cet esprit, resté si longtemps en cave, nous pouvons juger aujourd’hui : il est d’une belle saveur.

Des Réaux ne s’étonne de rien. Il raconte de la même humeur un trait d’héroïsme et un trait de débauche. C’est qu’il est conteur et qu’il est peintre. Mais, sans imagination, il demande à la réalité les contes et les tableaux qu’il veut établir. Point de rhétorique. Les adjectifs dans sa phrase sont des actes, comme les verbes. Aucune tentative pour construire un récit. Il les dit comme ils lui reviennent et le principal sera souvent un mot ajouté à la fin. La curiosité, très répandue alors dans tous les genres (Mersenne, Monconnys, Peiresc), est le trait vif de son caractère.

Le meilleur ami de des Réaux, Maucroix, a donné de lui un portrait qui rend tous les autres presque inutiles :

« Le dix novembre 1692, mourut à Paris, dans