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malicieux et borné dont les grandes expéditions lurent le voyage de Marly ? Saint-Amant a aimé la mer, ce qui semble, au dix-septième siècle français, un paradoxe. Il a joué comme nous sur les plages, dans les rochers, il a « ramassé mainte coquille », il a gravi et dévalée les falaises, il a contemplé le mouvement des vagues, leur fureur et leur douceur :

Que c’est une chose agréable
D’être sur le bord de la mer !

Se peut-il des vers plus ingénus ? Ceux-ci ne le sont guère moins :

Tantôt l’onde, brouillant l’arène.
Murmure et frémit de courroux,
Se roulant dessus les cailloux
Qu’elle apporte et qu’elle rentraîne…

Mais c’est la campagne qui l’a le mieux inspiré. Il était né près de Rouen, dans un des plus beaux sites du monde, à la limite de la belle forêt de Rouvray, qui comblait sans doute, en ce temps-là, presque toute la boucle de la Seine. N’est-ce pas cette forêt qu’il a chantée dans plusieurs couplets de la Solitude ? On y reconnaît encore la plupart des paysages des environs de Rouen avec leurs « vallons verts et sauvages ». Il faudrait le secours de l’érudition locale, mais je devine l’état ancien